Le premier de Mai -- une promenade brillante, mais point d'interret, car je n'en ai qu'un seul et n'ose l'avouer. Il est a Moscou -- sa mere est morte et encore il y est pour consoller les pauvres Panine, qui ont perdu Adele, leur soeur. Comme je plains la delicieuse Vera. Il est terrible de faire une perte semblable! Le second de Mai -- la fete de Maman -- nous avons eu une soiree: assez de monde et le fameux Houmbolt, mais de lui apres. Le plus interessant pour le moment est que le pauvre Serge Galitzine, qui vient de partir hier pour la guerre grace a la coquetterie de Mlle larsoff y etait ainsi que cette derniere. Il est fou amoureux d'elle et par un mot affreux elle vient de le renvoyer a la guerre. Il desirait entrer au service: devenant amoureux, il avait change d'avis. Pour connaitre ses sentimens, il lui dit un jour: "Que croira-t-on en ville de ce que je ne vais pas a la guerre?" -- "Ce que je crois", -- fut la cruelle reponse, "que vous avez peur". Apres ce mot il donna sa supplique, entra dans le regiment des artilleurs et apres est parti. Dieu sait, comment cela finira. Pour ma propre personne le jeune Titoff me fit beaucoup la cour et le comte Komarovsky n'est pas indifferent: pour sa soeur elle etait ridicule dernierement avec ses attentions. Le plus interessant pour le moment est de savoir que dimanche passe le comte Mathieu Wielhorsky est venu pour la premiere fois chez nous. C'est un homme charmant. Je crois bien, que si les desirs de Barbe pouvaient s'accomplir, je serais la premiere a les trouver bien agreables. Il n'est point beau, mais sa figure est si agreable et puis tout l'Univers dit que c'est un homme rare. Il n'est pas tres jeune, il n'en sera que meilleur mari. Si Dieu voulait bien accomplir la premiere idee raisonnable, que j'ai eu depuis bien longtemps! Mais que sa volonte soit faite!