Depuis huit jours maman est malade. Sa maladie a commence par une espece de coup de sang, qui nous a fort inquietes, mais qui dans le fond n'etait rien du tout. Elle est encore tres souffrante et comme elle aime a s'inquieter, elle est persuadee qu'elle a eu un coup. Il est vrai que cela en avait l'air, mais il etait si foible que je suis sure que ce n'est simplement qu'un accident nerveux. Au reste je suis tranquille sur son compte malgre qu'elle a peur a present de la moindre chose.

  Je ne puis depeindre pourtant quelles reflections son accident m'a fait faire. A present elle s'accroche a tout pour parler de sa mort qui comme je l'espere en Dieu est bien eloignee encore. Je ne puis comparer a rien le mieux les sentimens que j'ai eprouves et que j'eprouve encore qu'a une pierre lancee d'en haut et tombant a mes pieds. Je suis plus resignee que jamais mais toujours mon coeur se glace en pensant que j'ai pu etre un moment en danger de me trouver dans l'etat le plus affreux, le plus seul dans lequel l'on puisse se trouver. Il me semble souvent que mon sort ne peut plus changer.