Que le sort d'une femme est singulier! Une simple imprudence, une inconsequance meme et son bonheur meme a venir est detruit! Ma conscience me reproche-t-elle? Oui, mais elle me reproche non des imprudences, des inconsequences, elle me reproche 1 apparence de ces defauts; et pour quelle raison encore j'ai paru telle? helas, par la crainte de faire voir ce que je sentais reellement.

  Mon frere Alexis a desire epouser Sophie Wacilchikoff. Le tout n'a pas reussi: de notre cote nous nous sommes pris (comme toujours) maladroitement, du leur il y eut <нрзб> ecrite et meme coquetterie de la part de la demoiselle. Mais enfin pendant que le tout etait indecis nous avons ete jete, comme disent les anglais, dans la societe <нрзб> l'essence des autres. Les Galitzine (Barbe) et eux arrangerent un caroussel. J'en fus. Mon art d'equitation attira tous les regards, mais je puis dire ne me flatta pas, je suis si sure de monter bien que je suis etonnee qu'on s'en etonne. Dans ce carousel voila les paires qui montaient. Basile Repnine et Mme Diwoff, Smirnoff et Sophie Wac: Marie, ma belle soeur et Revendlos de l'ambassade de Danemark (un imbecile), la Princesse Zinaide Galitzet Zinovieff, la princesse Troubezkoi et Ozeroff, Sophie Karamsine et Morgenstern (de l'ambassade de Suede), Catherine Wac. et Goiovine (un sot), moi et le Prince Lobkowich de l'ambassade d'Autriche. Mon cavalier etait tres aimable. Il etait plus que cela, il etait charmant. Mais il fut oblige de partir en courrier en Autriche au sujet des affaires de la Pologne, ainsi j'eus un remplaeant et voila le malheur. Ce fut le comte Alexande Alopeus qui a l'age de 16 ans a ete un peu amoureux de moi. Et l'on revient toujours a ses premiers amours! Parmi les jeunes gens au carousel il y en avait un distingue sous tous les rapports comme pour la figure aussi bien pour la conduite. C'etait M. Zinovieff. Il commenea a me faire un peu la cour; un peu beaucoup mais avec tant de precautions que ce n'etait je crois que moi et ma belle soeur qui l'avait remarque. Mais helas, le dernier but apres le carousel a tout detruit. Il y est arrive tard, il avait ete de service. Je dansais, j'etais engagee pour toutes les contredanses, le maudit prince Kourakine m'avait engagee pour la Mazourka un moment avant son arrivee. Je dus donc lui refuser. Alopeus ne me quittait pas, il dansa avec moi une franeaise et puis se plaea a cote de moi lorsque je dansais. Le tout allait encore bien. Mais a la Mazourka Alopeus ne dansait pas, vint se mettre a cote de moi, Zinovieff ne dansait pas non plus, mais assis aupres de Mme Balabine et avait l'air de causer helas, je crois

  (Прием при дворе на журфиксе в Эрмитаже 1-го января 1833)

  Прошло целых два года, и мой Журнал не подвинулся вперед. Дружба моя с милыми Блудовыми296 занимает все минуты, остающиеся от шумной пустой светской жизни. Наша переписка -- настоящий журнал: не худо вкратцах описать теперешнюю мою жизнь. Два слова ее ясно представят: я беззаботно спокойна.

  Познакомившись с Antoinette и Lidye, мы скоро сделались неразлучны: да и не могло иначе быть, кто коротко их узнает, тот верно полюбит: мы поняли друг друга, мы жили душою: наш мир -- не светской мир, он -- мир души, он -- мир воображения. Усталая от холодности светской, от пустаго занятия всегда в нем думать об себе, ne pas se compromettre (о том, чтобы не скомпрометировать себя), презирая разщеты молодых девушек, не понимающих самоотвержения, я схватилась с жадностию <за> протянутую руку, я прицепилась к ним, они оживили меня, как Пигмалион свою статую, я снова начала жить, чувствовать, любить! О, как сладостно истинное чувство дружбы, и как они его умели постигнуть! Примите же, друзья, мою благодарность; оживленная вами, я снова стала жить, пылать, чувствовать, понимать все великое, и вы вынули из сердца тернь, которую там оставили обманы света.

  Pet. 1835 2 Fevrier (Пет<ербург>, 1835, <суббота> 2 февраля)